Vendredi
4 septembre 2009 :
Un homme est "attiré" par ma présence sur le chemin, nous échangons 2 mots le 1
09. Il pleut, il m'aide à agraffer ma cape. Il accompagne sa femme et sa cousine
qui sont sur le chemin.
Le 2 09 avec Martine et Jean-Michel qui m'ont rejoint
dans une auberge, sur la terrasse, je discute avec ma voisine de chambre. Elle
me dit qu'elle arrête à Roncevaux. Sa belle soeur qui habituellement l
accompagne sur le chemin ne peut pas le faire cette année. Nous faisons la fête
à table en apprenant des chants basques : Jean Michel est aux anges.
Le 3 09
nous marchons tous les trois et de nouveau cet homme est à la croisée des
chemins. Je demande une halte a Martine et Jean-Michel et invite ce monsieur qui
nous offre des pommes. Je remarque le departememt 66 sur sa Mercedes et lui
signale que j ai des amis dans sa ville et que je suis née en Algerie. Il me
demande dans quelle ville, je reponds Oran. Quel quartier, les hlm de Gambetta.
Il me demande mon nom et lorsqu'il entend mon nom ses yeux se remplissent de
larmes et il m embrasse en me disant qu il est Jean-Marie le frêre de Madeleine
et de Jeanine. Nos larmes se mêlent. Madeleine m'avait interpelée il y a
quelques annees par son chemin sur Saint-Jacques. Elle devait être des leurs
mais la vie en a décidé autrement. Explosion de joie lorsque je le retrouve avec
Annie sa femme et Christiane sa cousine. Nous decidons de monter sur Roncevaux
ensemble. Ils me rejoindront à Saint-Jean-de-Pied-de-Port vers 7h30. Cette étape est réputée dure 1385 m de dénivelé. Je
l'ai offerte au Seigneur pour toi Madeleine afin qu'il ne te lâche pas.
La tempête arrive a mi-chemin. Elle est rude, il fait très froid, le vent est
violent, le brouillard empêche toute visibilité à plus de 20 mètres. Je rassure
Christiane au mieux.
Dans mon coeur je livre un combat, j'entends la tempête de
Bethoven opus 31 ou 33. Depuis la conférence de Patrice sur le Pardon, j'écoute
cette musique avec mon âme. En support pour cet enseignement, nous avons le
temoignage de Maïte. Jeune fille de 17 ans, pianiste et qui parle allemand. C
est la guerre, les allemands s installent dans sa maison et elle joue souvent
cette musique qu'elle affectionne. Elle est resistante et lorsqu'elle est prise,
son tortionnaire a 25 ans et en tant que medecin, il est chargé de detruire en
faisant des expériences sur le centre nerveux de Maïte. Elle ne perd pas espoir
et entraîne ses compagnons de cellule à prier et même pour ses ennemis. On
detruit son corps mais pas son âme. Ce medecin est troublé par la foi de cette
jeune femme. A la fin de sa vie, 50 ans environ plus tard, il reclame Maïte et
souhaite obtenir son pardon. Elle le lui avait donné depuis bien longtemps.
Néanmoins, elle souhaite qu'il fasse le maximun de bien avant de partir.
Il réussit à dire aux siens qui il avait été pendant la guerre et il a pris à sa
charge les études de jeunes qui n'avaient pas ou peu de moyens financiers. Il est mort en
se sachant pardonné. Durant cette conférence fâce à Patrice, je pleure à chaudes
larmes et plus j'essaie de les retenir plus elles sont abondantes. J'en parle a
Christine sa femme qui me demande la parole qui m'a touchée : Je ne sais pas
; c'est comme une note de musique qui vous boulverse. Plus jamais je n'écouterai
Bethoven de la même facon.
Avec Jean-Marie nous avons essayé de parler du
massacre du 5 juillet 1962 a Oran. J'ai quitté mon pays le 2 juillet. Les militaires
étaient consignés dans les casernes. La France laissait massacrer ses enfants.
La douleur est telle, qu'il ne peut l'exprimer.
Seul le pardon sera liberateur.
Un Homme sur une croix un jour a crie " Père pardonne leurs, ils ne savent pas
ce qu ils font".
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